Presque deux ans que nous sommes parents. Depuis, notre vie rime avec Bonheur.
Puis l'autre jour, une amie me demande : et à froid maintenant, il te reste quoi de ton expérience PMA ? Tu referais la même chose ?
Euh ... 😲 !! Sa question méritait sincèrement réflexion. Sur le moment, elle m'a prise un peu de court, puis je me suis dis que ça ferait un bon article.
On peut dire que le bonheur panse les blessures. Depuis l'arrivée de notre fils, j'avoue que je n'ai absolument pas pensé à mon parcours PMA. Il a fallut se construire en tant que famille, en tant que parents. Nous attendions cela depuis si longtemps. Entre le moment où nous avons appris que le conseil de famille nous avait attribué un petit garçon et le jour de son arrivée à la maison, il s'est écoulé dix jours. Et même si vous attendez ce jour depuis des années, je peux vous jurer que c'est ultra violent psychologiquement, émotionnellement, et tout et tout .... Et du coup, on s'est reconstruit petit à petit avec ce petit bout d'amour, on prend notre temps et on profite de chaque moment.
Mais attention, pas besoin de réflexion, non je n'oublie pas. Ce serait impossible d'ailleurs. C'est ancré en moi. Comme une cicatrice. Je n'ai pas annulé mes abonnements aux blogs PMA que je suivais, je lis régulièrement des articles heureusement plein de bonheur mais aussi certains plein de souffrance. Cette souffrance, je la connais tellement bien.
De la PMA, il ne me reste pas qu'un dossier énorme, d’ordonnances, d'examens, de résultats, de prises de sang, de taux divers et variés. Au bout de treize ans, il me reste cinq échecs fiv et une fausse-couche. On ne peut pas se sortir indemne de tels déchirements.
Je garde aussi mon endométriose. Si aujourd'hui je suis contente de voir que cette maladie est de plus en plus prise au sérieux, cela n'empêche pas des difficultés au quotidien, des décisions à prendre sur des éventuelles chirurgies et un traitement hormonal jusqu'à la ménopause. Merci les kilos en prime !!
De la PMA, il reste des cicatrices. Médicales, plusieurs opérations, mais aussi psychologiques. Pour avoir fait un don ovocytes en Espagne à la clinique Eugin, je suis profondément convaincue que les services PMA en France ont besoin de changement, de retrouver un regard humain sur les couples dont ils s'occupent mais également de transparence.
Il me reste également une thérapie d'un an et demi et des séances d'hypnose pour me sortir d'un gouffre énorme qui aurait pu me coûter une grave dépression et mon couple. Je bénis le jour où j'ai eu le courage de prendre rendez-vous.
De la PMA, il me reste cette inimitié envers les femmes enceintes. Même encore aujourd'hui, instinctivement, mon premier réflexe est de m'en protéger, de fuir. Je ne le fais pas exprès. Si je peux, je presse mon fils sur mon cœur comme une barrière. Une grande inspiration de son odeur qui apaise ma peur.
J'y ai perdu quelques amitiés aussi. Mon choix, leur choix ou foutage de tronche pour certaines (ah oui ce sont des filles bizarrement) ... Inconsciente peur de la contagion (oui oui promis) ou ne pas vouloir comprendre la détresse de quelqu'un ... Je ne perdrais pas de temps là dessus mais c'est aussi ça la PMA, il faut le savoir.
Je vais oser dire qu'il me reste tout de même des choses positives.
Toutes ces années de réflexions sur l'éducation que je voulais donner à mes enfants. Et bien je suis enfin dans le vif du sujet. Je bénis la maturité avec laquelle j'arrive à la parentalité.
Mon expérience, au combien importante, que j'ai partagé sur ce blog à maintes reprises, ou avec des ami(e)s, des ami(e)s d'ami(e)s ou de simples inconnus qui avaient envie de parler de leurs parcours, de leurs échecs, de leurs douleurs. Ce partage d'expérience est tellement important pour chaque couple en passant par là.
Non Madame, non Monsieur, si vous n'avez pas vécu cette expérience, vous ne pouvez pas comprendre, ni même vous mettre à notre place. Ce n'est pas profondément ancré dans vos tripes. Vous pourrez tout au plus compatir. Mais le mieux, sera d'écouter et de réconforter sans juger.
La PMA, je l'ai mise de côté sincèrement. Elle ne me fait plus souffrir. Je la regarde comme une expérience. Elle a aussi fait ce que je suis aujourd'hui. J'ai fini par comprendre que je n'étais pas qu'un ventre. Que je pouvais être mère autrement qu'en me détruisant à force de traitement. Un enfant oui mais pas à n'importe quel prix.
Est ce que je referai les mêmes choix ? Clairement non. Je ne resterai pas sur le centre PMA qui nous a suivi pendant 9 ans et je partirai en Espagne bien plus rapidement. Même si le budget est important.
Pour conclure, je parlerai de destinée. Quand nous sommes partis en Espagne faire notre dernière FIV DO, j'avais été sur la tombe de mon grand père et je lui avais demandé de faire un petit miracle pour nous. Je lui avais d'ailleurs déposé une belle rose rouge de son jardin ce jour là. Notre don d'ovocyte en Espagne n'a pas abouti mais au même moment quelque part une petite graine prenait vie, et neuf mois après naissait un petit garçon ...
Vous l'avez deviné, ce petit garçon c'est Chaton. Peut être que ma destinée n'était pas d'enfanter mais juste d'être l'heureuse maman de ce merveilleux petit mec.
Nous en resterons là. Plus de PMA et pas de nouvel agrément d'adoption. Il est temps de profiter de notre bonheur, de notre vie à 3 ... Enfin !
Nous en resterons là. Plus de PMA et pas de nouvel agrément d'adoption. Il est temps de profiter de notre bonheur, de notre vie à 3 ... Enfin !
Beau témoignage !
RépondreSupprimerMuriel (fb)
Merci Murielle
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